Tirage jet d’encre sur papier pH neutre, sang de l’artiste, inscription réalisée par l’artiste, avec Gelie Lama et de nombreux autres Tibétains, 75 x 56 cm, cent quarante-huit pièces uniques, avec DVD.
Cette série occupe une place à part dans l’œuvre de Gao Bo, plus proche d’une pratique photographique “traditionnelle” que des installations monumentales auxquelles il s’est consacré ces dernières années. On y retrouve pourtant la même volonté d’expérimentation, le même désir de revenir sur les premiers clichés pour en extraire la vérité la plus pure. Partant de ce sentiment d’inachevé, Gao Bo s’est penché sur une centaine de ses photos du Tibet, dix ans exactement après la prise de vue, recouvrant les tirages de son propre sang, dessinant au fil des images une graphie inventée, un alphabet frictionnel qui devient la signature de l’artiste en même temps qu’un langage universel. Il s’agit moins d’un sacrifice que d’une offrande qui renforce la charge symbolique de cette langue inventée, conçue par l’artiste avec l’aide de moines bouddhistes tibétains, notamment Gelie Lama. Gao Bo souligne les limites du langage, et tente par là-même de dépasser l’incommunicabilité de son expérience au Tibet, affirmant dans son travail, pour reprendre les mots du philosophe Jean-Louis Chrétien, que “la beauté est une blessure”.