Essai pour une œuvre d’art performatif no 1, 2011

Village de Shangyuan, Pékin, 2011.

 

 

Essai pour une œuvre d’art performatif N°1, 2011, village de Shangyuan, Pékin, 2011.

GB appliquant une couche d’émulsion, agrandissement et rinçage de L.H.O.O.Q dans son atelier , 6 septembre 2011.

L’œuvre de Gao Bo, si elle a pour fondement la photographie, n’hésite pas néanmoins à s’affranchir des limites du médium, parfois avec humour comme dans la performance intitulée : Essai pour une œuvre d’art performatif. Après avoir recouvert le corps du modèle d’une émulsion photographique (non corrosive), Gao Bo imprime à même la peau de cette femme le portrait de Mona Lisa, avant de nettoyer le corps et d’effacer entièrement l’image. Hommage au L.H.O.O.Q. de Duchamp, l’œuvre joue d’une même impertinence, le pubis du modèle dessinant une barbichette à la Joconde. Gao Bo se livre ici à un exercice de citation, d’apparition et de disparition à la frontière du burlesque, questionnant l’impermanence et la vérité des images quipeuplent notreimaginaire.

« Après l’image photographique, le court-métrage cinématographique et la performance filmée figurant tous un même modèle, une jeune femme considérée comme corps photographique, sur qui sont projetées des images et qui est ensuite lavée pour les faire disparaître...

Idées reçues et corps recevant. Et nous recevons le spectacle... comme le corps reçoit l’eau... une réception dans laquelle demeure l’image de la chair, quand bien même l’image serait supprimée. Notre retrait de l’image, la présence du corps lavé, à la fois un retrait de ce qui est reçu et un retrait dans le lieu et le temps, nous nous séparons, dès lors que nous nous sommes retirés, dans la réception d’un don.

[...] La “Joconde” de Léonard de Vinci selon Duchamp, LHOOQ (1919). On notera la présence de l’humour et de la parodie... la forme de critique la plus ancienne et la plus efficace ; l’ajout du grotesque à l’image fait office d’autocritique... Et en particulier dans la “Joconde” après sa “défiguration” ou appropriation par Duchamp (la référence à Duchamp nous rappelle son autre œuvre proto-conceptuelle mentionnée ci-dessus) ; et ainsi donc les projections, la “barbiche”, impliquent une double parodie (où l’artiste se réinscrit lui-même à la suite de Duchamp dans une nouvelle strate de parodie...). L’appariement de la barbiche et des poils pubiens est un calembour visuel grotesque dont l’humour qui en résulte atteste de l’inadéquation de la projection et de la surface la recevant, le corps en question... et donc de la prise de conscience des strates superposées sur lui dans notre actualité quotidienne. »

Dr. Peter Nesteruk, 2016

 

 

L’Éternité de l’être perdu, œuvre performante réalisée en direct no 1, Rockbund Art Museum, Shanghai, 2012. 

Ce travail a été réalisé à partir d’une performance qui a eu lieu au Musée d’art Rockbund de Shanghai. Des images captées par le système de vidéosurveillance du musée ont été mélangées avec certaines séquences où Gao Bo fait des tests dans son atelier. La voix modifiée par un effet de ralentissement est celle de l’artiste récitant le poème qu’il a écrit, intitulé “Thus Spoken Laostist”. Gao Bo a organisé une vente aux enchères du concept de cette œuvre, qui a été achetée par une collectionneuse privée.

Manifestelaostiste 

Le 28 octobre 2011, à 19 heures, in situ, Rockbund Art Museum, Shanghai.

L’Éternité de l’être perdu, œuvre réalisée en direct N°1.

L’artiste GB a appliqué sur la peau de modèles une émulsion photographique améliorée, de son invention (sans danger, non corrosive, pH neutre), pour fixer sur leur corps des images photographiques, avant de les rincer pour les effacer immédiatement. Ce travail a été accompli simultanément à la vente aux enchères in situ de l’œuvre. L’œuvre se compose de quatre processus : la réalisation de l’œuvre in situ, sa conservation momentanée, son effacement et enfin sa vente et son entrée dans une collection. Réincarnation de l’artiste par le moyen du langage visuel, GB l’a créée en offrande à la vie et aux vanités. Ce que les collectionneurs collectionnent, c’est un pur “sentiment”, une pure “sensation” (une œuvre d’art intangible). Dans la tradition de la philosophie orientale, la forme, c’est le vide, et le vide, c’est la forme.

 

 

 

Transformation, village de Shangyuan, Pékin 2012.

Triptyque vidéo, 04’24’’, 16/9.