Disparition de La Figure-I – II a été exposée pour la première fois en 2003 en Arles, sous le commissariat de Christian Caujolle. L’exposition en 2017 à la Maison européenne de la Photographie permet de montrer cette œuvre pour la deuxième fois, mais sous une forme radicalement différente. Les images précédemment exposées ayant été brûlées, il n’en reste plus que la trace. Presque quinze ans plus tard, le questionnement de l’artiste autour de la disparition a pris une nouvelle dimension.
De ces condamnés à mort dont ne subsistent plus que les cendres, Gao Bo ne montre plus les portraits, mais leur résidu carbonisé, les images réduites en poussière. Au centre de la pièce, placées dans des boites en fer reprenant les archives policières de chacun des condamnés, les cendres des portraits brulés répondent aux quelques châssis qui n’ont pas été entièrement détruits pas le feu, accrochés aux murs, et sur lesquels on devine parfois un résidu de la photographie originelle. L’installation, traversée de néons blancs, littéralement éblouissante, témoigne avec une puissance phénoménale de la capacité de l’artiste à déjouer la mort, à faire de la disparition le matériau inépuisable de son œuvre. Procédant d’un mimétisme troublant entre le destin de la photographie et celui de son sujet, Gao Bo rejoue des cycles de vie parallèles et presque synchrones, imposant la destruction de l’œuvre en réponse à la mort du modèle. Mais ce procédé d’anéantissement est aussi celui d’une renaissance, lumineuse, épiphanique, d’une œuvre d’art entièrement neuve, portant les stigmates de la disparition.
S’impose alors l’image de l’artiste en alchimiste sublime et un peu fou, consacrant sa vie à traquer la mort pour découvrir le secret de l’éternité.
« ...C’est ce principe de “Dualités” que Gao Bo reprend dans son installation qui sera présentée aux Rencontres d’Arles 2003. les portraits de douze condamnés à mort, yeux ouverts sur fond noir, puis yeux fermés sur fond blanc et accrochés à l’envers, accompagnés de vidéos et de textes. Au travers d’eux, il évoque ses souvenirs de la révolution culturelle, alors qu’il était enfant. »
- Christian Caujolle, commissaire d’exposition, 2003