Ce corpus d’œuvres a été réalisé dans la ville de Lhassa, lors du quatrième voyage qu’entreprit Gao Bo au Tibet, et correspond aux premiers tirages exécutés à la main par l’artiste. Équipé d’une ancienne chambre photographique 4 x 5 mais également d’un appareil Polaroid lui permettant de distribuer gratuitement ses clichés aux passants qu’il photographiait, Gao Bo avait obtenu un statut de photographe de rue auprès des autorités locales ; il pouvait ainsi réaliser, en toute tranquillité, ses portraits de groupe souvent improvisés sans être importuné par les policiers en civil.

« On pourrait dire que ce “portrait” du Tibet, qui s’organise dans la tension entre des images de voyageur et des portraits, est entièrement structuré par l’affirmation de point de vue, de subjectivité, de pensée que constituent les doubles visions, réduisant à néant l’apparence de certitude qui traverse les représentations photographiques pour nous obliger à penser une globalité. Ainsi un microcosme, un territoire bien défini dans sa géographie réelle nous renvoie à une conception du monde. »

Gao Bo Photo Tibet 1993-1995
Préface de Christian Caujolle, été 1995