Médias mixtes incluant de vieux seaux en bois trouvés dans des salons d’antiquaires, des livres blancs en plâtre, un télescripteur affichant les cours du marché mondial de la finance, un télescripteur affichant un texte de l’auteur : “Ainsi parlait Laostiste”. Taille variable.
Gao Bo inscrit sa pratique artistique dans un questionnement permanent autour des valeurs régissant à la fois la société contemporaine et son propre travail.
Le triptyque Chute des valeurs met en scène les trois pôles entre lesquels, pour l’artiste, la création prend place : l’esthétique, la conscience de soi et la société. Non sans une certaine ironie, le portrait de Gao Bo y est entouré par ceux de Mao et de Mona Lisa, chacun enveloppé de son saint suaire, recomposant une nouvelle Trinité de la création.
En parallèle, dans Dévoilement – Nouvel Auschwitz, Gao Bo s’approprie l’iconographie chrétienne pour proposer une crucifixion littérale des valeurs, toute forme de savoir s’effaçant devant le dieu totémique de l’argent.
Sur un empilement de livres et de seaux traditionnels chinois symbolisant l’ancienne unité de mesure de l’Empire, le “dou”, repose une grande croix sur laquelle défilent les cours de la bourse en temps réel et le poème Thus Spoken Laostist de Gao Bo. Fustigeant le rationalisme borné d’un monde dominé par l’argent, l’artiste y développe sur le ton du Zarathoustra de Nietzche son manifeste créatif, une ode à la liberté et à une certaine forme d’errance productive. Le néologisme “Laostist”, inventé par Gao Bo, joue sur la rencontre du nom de Lao Tseu avec le verbe anglais “lost” (perdu). Toute l’œuvre de Gao Bo procède de cette perte, de cet effacement, qui n’est jamais stérile mais qui apparaît au contraire comme la condition même de la création.