À l’occasion d’une performance donnée en 2014 à Daegu, en Corée du Sud, l’artiste et sa jeune co-performeuse se sont mutuellement enduits (ainsi qu’une partie de l’espace d’exposition) de peinture noire et blanche, avant de se lancer dans une parodie d’accouplement frénétique et désordonné s’apaisant progressivement en manifestations d’attention et de sollicitude réciproques.
« Les phases d’un rituel (l’accouplement) ont été suivies d’une manifestation de prévenance collective qui s’est prolongée jusqu’à la fin de la performance (avec notamment l’enveloppement des deux performeurs à l’aide de tissu et de papier)... et à laquelle le public a commencé à participer. À telle enseigne que l’effervescence du rituel était perceptible dans la réaction manifestement affective d’un public composé moins de spectateurs indifférents que de participants. Le désir (éros) était peut-être transformé en amour (agapè), le désespoir en une forme d’apaisement, toute blessure se transformant très certainement sous l’effet d’une forme de guérison. L’expression cathartique présupposait la demande exprimée de sa catharsis. En effet, les moments en apparence destructeurs, désespérés, sauvages et orgiaques qui connotent l’accouplement sexuel peuvent être interprétés comme véhiculant la même signification générale que la grande pièce d’Euripide, “Les Bacchantes”, à savoir, ne jamais oublier que nous sommes encore matière, organique, faite de sang et de désir... la nature de l’humain (même si son expression est toujours culturelle). Et son message signifie probablement que ce qui est nécessaire, c’est l’expression, même au risque d’instants d’excès apparents, s’ils permettent d’atteindre une nouvelle stase plus saine. L’art est le baromètre de l’expression ; la performance artistique, son diagnostic rituel. »
Dr.Peter Nesteruk 2016